Entre les murs.

J'ai été le voir ce week end, et le film en lui même m'a paru bien et assez réaliste de ce qu'est l'environnement du collège de type ZEP.
Mais le prof est absolument catastrophique, et heureusement qu'il a arrêté d'enseigner après son bouquin !

Et vous qu'en pensez vous ?

Bonjour,

Avant toute chose, je tiens à un peu me situer.... Je suis entré en prépa à Lamartine en Septembre 2008 et j'ai vu le lien affiché au tableau aujourd'hui.
Pour répondre à ton (votre ?) post, le personnage de François me gêne car il passe vraiment pour un saint. Au contraire, son collègue est plutôt apparaît plutôt comme l'abruti de service (démon ?). Je n'aime pas les métaphores religieuses, loin de là, mais ils sont tellement opposés que ça en devient ridicule. À croire que les professeurs qui ont en général le rôle de personnes cultivées, capables d'échanges, (qui a dit idéaliste ????) sont incapables de se mettre d'accord sur un sujet. C'est trop forcer la caricature et puis ça ne m'apparaît pas comme très subtil (parlons-nous d'une palme d'or à Cannes ? dans le dernier Indiana Jones, passe encore mais là....).

Bref, en dehors de ça, on nous évite le traditionnel enfant battu/perdu/dont la maman/le papa (compléter si nécessaire) meurt/tombe malade/devient violent/bat sa mère/son fils (là aussi). Et il faut admettre que ça fait pas mal de bien après toutes les tarteries que l'on voit dans les films/téléfilms sur l'école. En somme un écueil/cliché évité, ça fait tellement plus réaliste.
J'ai également bien aimé la scène du Conseil de Classe (très représentative) et celle du Conseil de Discipline (là, je ne peux pas vraiment juger) même si à la fin, on rentrait dans un "seul contre tous" assez agaçant, qui me fait penser à ma critique du début visant Saint-Super Prof qui est vraiment trop plein de bons sentiments, idéalistes etc.

Premier post pas trop rédigé mais écrit au fil du clavier...

comme disait une prof dans Mariane "le plus mauvais prof de France est devenu une vedette".
En effet, ce M. Marin n'enseigne quasiment rien et laisse les conversations sur tout et surtout rien naître (et même en fait l'élevage) dans son "cours".
D'après mes calculs, j'aurais à sa aplace donné plus de 28 heures de colles, notamment cette élève qui parle à tort et à travers et conteste l'autorité du professeur, à celle qui refuse de lire, aux mômes du fond qui discutent etc.
Celui qui a raison c'est le prof qui a accusé Marin d' "acheter la paix sociale".
Mais je sens que ce film va susciter dans la classe politique un élan qui sera exploité par les pédagos...

Le plus mauvais prof de France, un titre à la Marianne tout craché. Il faut admettre que j'ai un peu de mal avec Marianne (je lis Charlie-Hebdo), néanmoins, on tombe d'accord sur le fait que ce prof aussi gentil (poire ??) ne peut pas exister dans la vie.... Enfin, il ne peut pas arriver à avoir autant d'élèves dans sa classe et à la conserver comme ça. Quant aux 27 heures de colles, lorsqu'on voit que les heures de colles ne font rien à l'élève (ou ne semble avoir aucun effet), pourquoi pas prendre la solution à bras le corps comme lui.
Il n'empêche, arriver à se faire respecter comme ça, j'ai un peu de mal. En même temps, à part 2-3 cas, ce n'était pas vraiment des monstres ces élèves (*donne l'impression du baptême du feu mais en fait ma scolarité a été plutôt calme).

Quant aux discussions démagogiques et autres, je n'ai pas lu le fil en entier mais il y a un article sur AgoraVox dessus (rubrique tribune libre) et les connaissant, je ne serai pas surpris que les commentaires soient déjà parti en vrille. Ce site est parfois un véritable nid-de-troll. Quant à savoir comment notre cher ministre verra les choses et si ça va avoir des effets sur les court/moyen terme, je ne pense pas....Et honnêtement la dernière idée de notre ministre ayant consisté à donner des médailles suivant les notes du Bac, j'aurai peur d'une idée en rapport avec le film : (suppression des conseils de disciplines, instauration d'un permis à point avec fichage ADN ?) Bon, j'arrête la mauvaise langue. J'imagine que les réactions les plus intéressantes viendront des professeurs eux-mêmes, les revues de cinéma ayant couronné ce film avec peut-être pas mal d'effet cocorico du à la palme d'or...

CHarlie Hebdo, bonne lecture, mais (attention, mauvais jeu de mots ^^) ils ont du mal avec le ciné...

ceci dit, pendant la plupart du temps de classe, le prof réglait les petits problèmes, répondait à des questions sur autre chose que le cours etc.
Quand on lui propose un thème commun histoire littérature, il répond que Voltaire en Quatrième c'est trop compliqué ! Je trouve cela franchement dégoûtant, car il ne cherche pas à tirer ses élèves hors de leur misère intellectuelle supposée dans ce film. Et je reviens sur le respect dû au professeur, qui doit être imposé.
On nous a souvent répété que nous étions des citoyens de l'école, que nous avions des droits, sans beaucoup nous parler de nos devoirs...L'école n'est pas une démocratie ! Les élèves doivent obéissance et respect aux professeurs, qui de leur côté doivent bienveillance et respect aux élèves. Laissez tomber ses élèves en se disant que de toutes façons il reste la Troisième, c'est non seulement de la lâcheté, mais aussi une faute professionnelle grave, et même un crime envers ces élèves qui perdent au fur et à mesure toute chance de réussite sociale.
Quant aux réactions, elles viennent surtout des profs qui refusent que ce film soit exploité politiquement, comme un exemple, et qu'il reste UN film sur UN professeur dans Un collège. Un simple cas particulier. Contrairement à ce que tu dis, je ne pense pas que cela serve à "sécuriser" l'école...Darcos est un agrég de lettres classiques, et contrairement à ses prédécesseurs, il est en train de rendre l'école à la République, en fusionnant les IUFM des pédagos aux universités, pour ensuite (j'epsère) détruire ces repaires de fainénants et de fumistes.

Tout d'abord, pour Voltaire, je suis tout à fait d'accord qu'il est abordable en classe de Collège : Nous avons étudié Candide en classe de 3e et si le professeur explique bien, je ne vois pas pourquoi ne pas le faire en 4e. Si cela donne une occasion d'illustrer un cours sur les Lumières, c'est bonus. Je pense même que vu que le programme ne change pas radicalement d'une année sur l'autre, certains professeurs abondent dans ce sens. Pour en revenir à mon expérience personnelle, je ne rappelle pas que de tels parallèles aient été mis en avant (mais peut-être existaient-ils ?)
En tout cas, ça nécessite une bonne entente dans le corps enseignant.. ce qui n'est pas toujours le cas.

Quant à ma réaction concernant la sécurisation de l'école, je faisais simplement allusion à quelques mesures prises ou évoquées sur le chaud après diverses agressions etc. Au niveau du permis à point, je n'extrapole pas trop, il est souvent évoqué dans de nombreuses écoles (dans le film aussi). Les conseils de disciplines, il faut reconnaître que le constat du film est assez correct, il n'y a pas vraiment d'"aquittements". Cependant, il n'apporte aucune solution pour pallier à "cette faiblesse". En ce qui concerne notre cher ministre, j'avoue que le ridicule de certaines de ses propositions (le coup des médailles) ne me donne pas une excellente image de lui. Alors, faute passagère ? Je ne sais pas.
En revanche, même si, comme tu le dis si justement, il est agrégé de lettres classiques, n'oublions pas que le sieur a organisé la suppression de jenesaispluscombien de postes à l'éducation nationale. Je ne sais pas si ce motif le rapproche de l'idéal républicain mais du modèle libéral c'est certain. On assiste non pas à un dégraissage de mammouth en règle mais à une tannerie en règle. Pour la suppression des IUFM qui sont unanimements décriés chez les nouveaux profs, pourquoi pas ? Personnellement, je m'interroge sur ses motivations. Les supprime t'il car la formation coûte cher et s'avère inutile. Je pencherai plus pour la première solution que pour la deuxième (mode mauvaise langue ="off").

En tout cas, cela ne résoud rien au problème : On va continuer à envoyer des jeunes profs fraîchement diplômés au casse-pipe en ZEP sans aucune formation qualifiée de pédagogie. Je ne suis pas contre la suppression des IUFM mais qu'on offre quelque chose (d'efficace) à la place. Après, je n'ai aucune connaissance des méthodes de la Fac mais j'ai entendu parler d'exposés. S'apparentent-ils assez à des cours pour que les profs "masteurisés" puissent débarquer et donner des cours à des collégiens/lycéens etc. ? La question reste ouverte, d'autant plus que le nouveau prof n'accéderait plus (?) aux stages obligatoires en IUFM qui permettaient de se confronter à une classe pendant une période limitée. (Je ne suis pas sûr du dernier point mais comme souvent avec l'Éducation Nationale, on nous balance une phrase sans expliquer concrétement en quoi ça consiste).

Est-ce que ça veut dire que toute personne ayant le niveau master pourra enseigner ? Je ne sais pas trop quoi penser de cette question.


Bref, j'ai du mal à me réjouir d'une telle annonce. La suppression ou du moins le modelage des IUFM me paraît quelque chose d'apparemment indispensable. Après, quid de ce qui va suivre car comme dis le proverbe : "On sait ce qu'on quitte mais on ne sait pas ce qu'on gagne"...


EDIT : Je dévie pas mal, je sais mais bon, ça suit le fil de la conversation qui à mon avis se tarira bien vite en absence de contradicteurs puisque nous avons, apparemment, la même opinion sur le film...

La formation des professeurs serait assurée par les Universités, ce qui rendra le sérieux et la qualité que certains n'ont pas. On ne peut bien faire cours qu'en ne maîtrisant bien sa matière.
Les mesures comptables de suppression de postes ont été imposées par Sarkozy, mais ce n'est pas là que l'on reconnait la patte du ministre. Par contre, la bataille contre les pédagos me le rend très sympathique, comme pour Robien qui pourtant défendait le CPE.
Mais on connait en général le problème et sa solution : plus de profs, mieux formés et mieux payés, afin de bien encadrer les élèves et leur assurer une formation correcte. On voit bien que certains collèges et lycées sont défavorisés, ne serait-ce que par l'absence du latin et du grec, qui sont nécessaires pour s'élever au plus haut dans les études littéraires.

Je relis vos différentes remarques et vos impressions sur Entre les murs que je viens juste de voir. Je suis étonnée des différences entre ce qui nous marquent, les uns et les autres.
Je me place un peu bizarrement par rapport à ce film, parce que j'ai déjà un double regard, celui de l'élève que je suis encore et celui du prof que je suis déjà même si c'est dans un contexte très différent de l'école.
Vous soulignez la proposition du professeur d'histoire de travailler avec le prof de lettres, vous êtes choqués par la réponse de celui-ci par rapport à Voltaire. Je le suis aussi, je pense que l'on peut tout faire passer aux enfants si on l'explique correctement et qu'on l'amène correctement (j'ai bien fait travailler le poème la conscience, de Victor Hugo à des petits de 7/8 ans ... mais c'était il y a longtemps et j'étais bien naïve ... je reste étonnée que cela ait fonctionné !), mais je suis plutôt choqué par l'absence de répondant, M. Marin n'a vraisemblablement pas envie de travailler avec son collègue, ce qui est dommage.
Par ailleurs, comme dirais ma mère, ils ont l'air vraiment gentils ces élèves ... (elle a même dit que les siens aussi lui font des doigts d'honneur parfois et qu'elle ne vois pas le problème ... moi non plus je ne le vois pas ... ils lèvent l'index... (ma mère est éducatrice spécialisée avec des enfants handicapés mentaux!), le Souleiman est un petit ange, qui montre ses faiblesses, et donc aussi la façon dont il faut /on peut le prendre. La scène de l'autoportrait est touchante et pourtant le prof semble ne pas le prendre en compte, et je trouve son attitude assez discutable. Mais c'est ici un problème plus profond qui est posée, une question essentielle, celle de l'intimité des élèves. Les profs ont souvent besoin/envie de connaitre mieux leurs élèves, savoir les problèmes qu'ils rencontrent à la maison peut les aider (et je vous garantie qu'un enfant qui commence à se livrer c'est vraiment touchant, je pense que c'est aussi réconfortant pour le prof qui peut se sentir utile, et qui sent la confiance naître entre lui et ses élèves.) mais les dire en public n'est pas évident du tout.
(bon plus le temps ... je poursuivrais demain ... en attendant je vous conseille d'aller écouter cette chanson, très adaptée, puisqu'elle parle d'une autre quatrième trois !
http://leszrofs.blogspot.com/2008/09/la-43.html)